José Diz

Pour ce deuxième blogpost de notre série La parole aux journalistes, nous nous sommes intéressés aux relations entre entreprises et journalistes, au rôle clé des agences de presse, et à l’importance de nourrir en continu ces flux de communication, notamment en face à face, pour ne pas les laisser s’appauvrir. Nous avons interviewé José Diz, Rédacteur en chef du site IT B2B PlacedelIT.com et fondateur du Club de la presse informatique B2B, pour connaître son avis sur ce sujet très actuel.

D’où vous est venue l’idée du Club de la presse informatique ?

Il existait déjà un club similaire qui s’est arrêté au début des années 2000. Il s’agissait du club de la presse Informatique et Télécoms, qui avait été créé par une agence de communication spécialisée dans les NTIC. A l’époque, l’agence avait de nombreux clients, et donc, un budget assez élevé qui permettait d’organiser des débats et deux déplacements thématiques par an, à la montagne ou au bord de mer, également ponctués par des débats. L’agence invitait également des DSI pour qu’ils puissent partager leurs retours d’expérience.

Tant les entreprises que les journalistes étaient demandeurs d’un nouveau club. C’est pourquoi, en 2012, j’ai contacté mes confrères journalistes du secteur pour connaître leur avis sur la création d’un nouveau club réunissant journalistes, agences et entreprises de l’informatique B2B. En une dizaine de jours, j’ai reçu environ 70 réponses positives. Du côté des entreprises, les réponses étaient également favorables et, dès la première année, le club comptait déjà 6 entreprises parmi ses membres.

Comment expliquez-vous cet engouement ?

Depuis 2007, nous faisons face à un double constat pour le secteur de la presse IT. D’une part, les versions web des publications représentent un poids plus important sur les rédactions que les versions papiers (dont la grande majorité à aujourd’hui disparu). La fréquence de publication quotidienne oblige les journalistes à produire 2 à 3 sujets par jour pour alimenter le site Internet, même si ce sont rarement des articles de fond. De ce fait, quand les journalistes se déplacent, ils ont encore plus de mérite. Par exemple en voyage de presse, ils doivent assister à des conférences, réaliser des entretiens et écrire leurs papiers sur l’évènement en un laps de temps assez court. Et parfois rédiger en plus d’autres actualités.

D’autre part, les effectifs des rédactions ont commencé à régresser. En conséquence, les journalistes deviennent pluridisciplinaires. Ils doivent donc couvrir plusieurs secteurs, avec, pour chacun, plusieurs acteurs. Leur disponibilité devient un réel problème puisqu’ils ne sont pas en mesure de se dédoubler et de répondre favorablement à toutes les invitations presse.

Le modèle du club est un modèle gagnant/gagnant pour toutes les parties prenantes ! Il permet aux agences d’améliorer la communication avec les journalistes, ce qui est l’essence même de leur travail, et c’est également un moyen pour les entreprises de rencontrer davantage de journalistes, même ceux ne couvrant pas forcément leur domaine d’activité. Tant lors des soirées que lors des débats mensuels organisés par le club, c’est au networking que la priorité est donnée. Au-delà des relations agences-journalistes et entreprises-journalistes, le club est également une occasion de se retrouver entre journalistes, entre entreprises partenaires et entre anciens d’une même agence de communication.

Pourquoi avoir inclus les agences de relations presse dans le club ?

Les relations entre les journalistes et les attaché(e)s de presse ont beaucoup évolué depuis les années 1990, notamment parce que les agences ont dû s’adapter aux nouvelles exigences des entreprises en matière de représentation. A l’époque, ces dernières demandaient davantage de conseils et d’interlocuteurs expérimentés, entrainant les agences à se spécialiser dans un secteur en particulier ou à créer plusieurs départements.

Cette évolution s’est également faite en faveur des journalistes, qui eux aussi, échangent régulièrement avec des attaché(e)s de presse qui connaissent leurs clients et leur secteur d’activités. Il était donc tout naturel d’intégrer les agences au club puisque nous formons un trio plutôt efficace.

7 ans après sa création, où en est le club aujourd’hui ?

Pour cette saison (septembre 2019-Juin 2020), le club compte 130 journalistes provenant de l’IT B2B et 23 entreprises, dont 4 clients de OneChocolate. Les membres historiques comme les nouveaux entrants sont satisfaits du club et de son fonctionnement. Ils ont compris que c’est avant tout un outil de networking, et non une « machine à articles ». À travers les échanges qui ont lieu à l’occasion des soirées ou lors des débats, un lien important se crée entre les différents interlocuteurs. Et même si ces échanges peuvent effectivement déboucher sur des articles, la véritable valeur ajoutée du club se trouve dans les relations qu’il permet aux différents acteurs de tisser et d’entretenir.

Les entreprises et les agences ont bien intégré ce fait. Pour certains, le club peut même faire partie intégrante de leur stratégie de communication sur un angle en particulier, que cela soit celui du cloud ou de l’IA.

Un mot à adresser aux entreprises qui seraient intéressées pour rejoindre le Club ?

Elles doivent avoir bien en tête que le club est avant tout un outil de networking et de visibilité dans des circonstances facilitantes. Entretenir de bonnes relations avec les journalistes demande des efforts continus, non ponctuels. Avec le Club, par exemple, cela peut se traduire par le fait de venir régulièrement aux débats organisés, même si son entreprise n’a pas été sélectionnée pour intervenir. Le but est d’investir dans le temps. Une relation intelligente avec les journalistes se crée, se travaille et s’ajuste si nécessaire.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les prochains projets du Club ?

Actuellement, le club a atteint un bon rythme de croisière, avec un débat thématique par mois, de septembre à juin, et trois soirées de networking par an (auxquelles participent à chaque fois entre 60 et 70 journalistes). L’enthousiasme des membres donne envie de bâtir sur ce succès et de créer de nouveaux formats comme par exemple, des journées thématiques avec plusieurs entreprises, où les journalistes se déplaceraient sur une ou deux journées. C’est un peu plus complexe à concrétiser mais j’espère que cela verra bientôt le jour.

Propos recueillis par Alexandra Corbelli